TÉMOIGNAGES

  Le mercredi 24 juillet 2002

Victoire sur la Régie des rentes


Stéphanie Martin
Le Soleil
Québec

LE SOLEIL, Steve Deschênes

  « Je ne suis pas un lâcheur », dit Daniel Simard.

Enfin, Daniel Simard peut crier victoire. Il vient d'obtenir de la Régie des rentes du Québec (RRQ) l'indemnisation pour invalidité qu'il réclamait depuis trois ans et dont il désespérait de voir un jour la couleur.

Il y a un mois, l'homme de 53 ans, dans un geste de détresse, avait rendu son arme à la police parce qu'il redoutait de commettre une grave erreur. Il se battait avec la RRQ depuis 1999. Atteint de fibromyalgie et de fatigue chronique, il est incapable d'occuper un emploi, ce que la Régie refusait de reconnaître.

Quelques jours seulement après la parution d'un article dans LE SOLEIL du 22 juin, la RRQ avait contacté l'avocate de M. Simard pour l'informer que ce cas allait être étudié sérieusement. Le 15 juillet, un mois avant sa comparution au tribunal administratif du Québec où sa requête en appel devait être entendue, M. Simard recevait une lettre annonçant la bonne nouvelle.

Finalement, le chèque salvateur est arrivé vendredi dernier. La RRQ le reconnaît inapte au travail depuis 1997. Mais la demande de M. Simard n'ayant été déposée qu'en octobre 1999, la RRQ lui a accordé une indemnisation rétroactive à partir de janvier de la même année. Cela représente un montant d'environ 30 000 $ qui est le bienvenu pour ce père de famille sans emploi depuis cinq ans.

« Je suis content d'avoir gagné, mais si on m'avait donné le choix, j'aurais préféré faire une croix sur tout cela et être capable de travailler demain matin », a-t-il assuré. Pour lui, cette victoire morale met un baume sur la triste réalité : ses chances de guérison sont pratiquement nulles.

À la Régie des rentes, c'est la commissaire aux services, qui, dès la publication de l'article, y a mis son grain de sel. Dans les jours qui ont suivi, les choses ont brusquement débloqué. Il manquait une pièce au dossier, explique Herman Huot, porte-parole de l'organisme. Un dossier par ailleurs fort bien garni.

Il ajoute qu'une fois l'information reçue, la Régie a jugé que ce document était majeur et qu'il fallait réviser la décision prise un an plus tôt de ne pas indemniser M. Simard. Ce n'est pas le bruit qu'a fait l'affaire dans les médias qui a influencé la RRQ, plaide M. Huot, mais plutôt l'ajout de nouvelles données.

De son côté, M. Simard affirme catégoriquement qu'aucun renseignement déterminant n'avait été omis. « La seule chose qu'il leur manquait est le nom d'un médicament contre la goutte, mais ce n'est pas ça qui rend quelqu'un invalide », a-t-il répliqué.

L'an dernier, 1240 plaintes ont été adressées à la commissaire aux services. Seulement 276 ont été jugées fondées. C'est bien peu, convient Herman Huot. Cependant, il fait remarquer que beaucoup de demandes rejetées contestaient le nouveau règlement sur le calcul des allocations familiales entré en vigueur en 1997.

La bataille continue

Malgré ce gain, Daniel Simard ne dépose pas les armes pour autant. Il entreprend maintenant un autre combat, celui de faire reconnaître son inaptitude au travail par son assureur privé, Desjardins. La compagnie refuse toujours de l'indemniser depuis 1998, alléguant qu'il est tout à fait capable d'effectuer un boulot peu exigeant physiquement.

Il est clair pour M. Simard que si la Régie a fini par lui donner raison, son assureur devrait en faire autant. « Ils (Desjardins) espèrent toujours que les demandeurs vont s'essouffler et qu'ils n'iront pas au bout de leur réclamation et pendant ce temps, ils encaissent les primes et font des profits, rage-t-il. Mais moi, je ne suis pas un lâcheur.»


 
 



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Adapté par Louise Rochette Louise
Email: LouiseRochette@gmail.com